La Rattache

La Rattache est un projet de vivre-soi et vivre-ensemble, s’originant à la fois dans des valeurs humaines, sociales, solidaires, culturelles, citoyennes et environnementales, défendues par le collectif d’acteur.trice.s et de bénéficiaires ESS de la coopérative Le Rat perché, ses usager.e.s, associé.e.s, partenaires et par les habitant.e.s du territoire. Dans une société qui préfère malheureusement oublier, effacer ou taire l’erreur, la faille, la maladie voire la différence, il nous semble primordial de rappeler à quel point le ratage, la chute, le « hors norme », l’atypique, la fragilité, le handicap et la différence sont à la fois des spécificités essentielles, des caractéristiques humaines, des qualités et des chances. L’objectif principal de La Rattache est donc d’expérimenter une initiative allant à contre-courant des actions ordinairement menées et des pensées véhiculées par nombre d’eugénistes sur la question du handicap, de la différence et de la fragilité, questions qui sont déjà des enjeux de société, sociaux voire environnementaux et culturels en soi. Notre initiative se veut être révélatrice d’une fâcheuse tendance à lisser les différences, à confondre fragilité et faiblesse, ainsi que du paradoxe de l’intégration. La Rattache ne tend pas à effacer ou nier les différences, mais à les accueillir et les apprivoiser. La Rattache ne désire pas gommer les différences entre les personnes dites « en situation de handicap » et les personnes dites « valides », mais prendre en compte les spécificités de chacun pour les faire exister comme allant de soi et d’en révéler la richesse. La Rattache ne souhaite pas que nous soyons tou.te.s les mêmes, mais que nous soyons nous-même. La Rattache ambitionne une intégration de tou.te.s, par tou.te.s, en tenant compte de la différence de chacun.e mais sans ne tenir compte « que » de cela, c’est-à-dire ni en la niant, ni en la stigmatisant, ni en l’isolant. La Rattache croit en l’utopie du vivre-soi et du vivre-ensemble par le croisement des identités, l’existence des fragilités, le sensible de l’être, la bienveillance des regards, les pratiques dites en marge, etc. L’ensemble de ces ambitions tend à (re-)construire une société plus ouverte, sereine et humaine, où chacun a naturellement sa place. Cela passera notamment par de nouvelles pratiques d’habitudes du vivre-soi et du vivre-ensemble, en questionnant et innovant, selon cinq grands pôles, 1/ L’accueil, l’accessibilité et l’aménagement, 2/ La sensibilisation, la mise en valeur, l’entraide et le lien social, 3/ La culture et le bien-être, 4/ La nature, le partage et la santé, 5/ La confiance en soi, l’expérience professionnalisante et professionnelle, l’emploi. C’est pourquoi, les enjeux sont pluriels et divers : -Repenser et créer des temps et des espaces d’échanges, d’acceuil et d’accessibilité à tou.te.s -Sensibiliser et mettre en valeur la qualité intrinsèque de la différence et de la fragilité en chacun.e -Redonner confiance en soi et en l’Autre -Envisager l’épanouissement et apporter le bien-être par la Culture et la Nature -Donner l’occasion à chacun.e de prendre le temps de s’écouter et offrir un espace de respiration commune au cœur de notre quotidien qui en sera bouleversé -Laisser la possibilité à chacun.e de s’exprimer, de reprendre possession de l’espace public, de libérer sa parole et son corps -Favoriser l’accès à l’emploi par des expériences professionnalisantes et professionnelles -Refaire société par le lien social, le partage, l’entraide, la solidarité et la bienveillance Pour conclure : La Rattache, c’est Adèle, qui de ses 16 à ses 25 ans, anime puis organise des séjours adaptés dans l’Avesnois et des colos avec des enfants dits « à caractère social ». La Rattache, c’est Béa, habituée du Rat perché, bénévole de l’association La Brique associée du Rat perché, qui, toujours accompagnée de ces deux béquilles et de ces lourdes chaussures orthopédiques, endure chaque semaine l’épreuve des escaliers pour venir nous offrir un sourire, boire un petit blanc et apprendre le français à des personnes issues de l’immigration. La Rattache, c’est José, qui s’installe au comptoir du Rat pour parler, être écouté, être rassuré, rire et oublié ses problèmes le temps d’une discussion et d’un grand café au lait. La Rattache, c’est Damien, qui parle avec les mains et qui a toujours un stylo dans la poche pour communiquer avec les autres p’tits rats, qui malheureusement ne comprennent pas sa langue faite de signes. La Rattache, c’est Robert, qui vit seul, n’a plus de famille, se sent isolé et retrouve le sourire chaque fois qu’il joue à la belotte avec ses nouveaux copains du Rat. La Rattache, c’est Brigitte qui peine à s’attabler en terrasse avec ses amis, car le pied de la table empêche son fauteuil roulant de s’installer. La Rattache, c’est Nico, un enfant plein d’amour qui adore venir au Rat perché, mais qui aimerait être davantage compris quand son spectre autistique se réveille. La Rattache, c’est Michèle, qui vient toujours accompagnée de son chien Bébère, chargé de guider ses pas, mais qui a bien failli tomber en glissant sur une marche en une fin d’après-midi pluvieuse. La Rattache, c’est Marie qui retrouve la sérénité chaque fois qu’elle jardine, Arnaud qui la trouve en grattant sa guitare, Pénélope en dansant, Bastien après une bonne séance de yoga, Clém en cuisinant, Colette en jouant, Victor en refaisant le monde, etc. La Rattache, c’est Amandine, Clément, Ange, lui, elle, toi, vous, nous, on…parce qu’on a tou.te.s des fragilités, parce qu’on est tou.te.s handicapés de quelque chose, parce qu’on aspire tou.te.s à des allants de soi de la bienveillance, du courage, de l’altruisme et de l’amour. Ainsi, ce projet s’origine bien plus que dans une simple étude ou des constats, il s’ancre dans le vécu individuel et collectif, le besoin personnel et partagé, le sens propre et commun et tend à apporter des solutions concrètes voire des alternatives aux problématiques rencontrées quotidiennement par l’ensemble des usagers, coopérateur.trice.s, partenaires, associé.e.s, structures et institutions.